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De Donald Trump aux SDF, les fabuleux portraits d’Andres Serrano…(MEP) Philippe Rochot.

  • Photo du rédacteur: Philippe Rochot
    Philippe Rochot
  • 25 nov. 2016
  • 3 min de lecture

Le regard des sans-abri nous accroche dès qu’on pénètre dans la pièce. Ces hommes qu’on n’ose plus guère observer dans la rue nous font face. Ils nous attirent vers leurs conditions de vie, nous interpellent. Et c’est bien le but recherché par l’artiste photographe Andres Serrano, de retour à Paris avec une expo de choc à la Maison Européenne de la Photographie.


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L’homme avait gardé un mauvais souvenir de la France. En 2011 deux de ses photos avaient été saccagées par des catholiques intégristes à Avignon. Elles représentaient le corps du Christ immergé dans un flacon d’urine… Durant de longues années l’image de l’artiste est restée associée à cette création sacrilège, à cette représentation provocatrice, nous faisant oublier la valeur du reste de son œuvre.


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L’homme démontre aujourd’hui qu’il a pu surmonter ce passage à vide et s’ancrer au réel. Les images qu’il présente à la MEP sont empreintes d’une profonde humanité même si le désir d’interpeler est toujours là, présent comme un besoin. Andres Serrano dérange avec ses portraits de membres du Ku Klux clan ou ce visage du nouveau président américain, saisi pourtant en 2004 à une époque où Donald Trump commençait son ascension irrésistible vers la fortune et le pouvoir.

L’artiste interpelle avec ses portraits de SDF saisis dans le métro de New York et dans les avenues de la cité où le blizzard s’engouffre. Ces hommes ou ces femmes sont assis sur les trottoirs et se protègent avec des cartons, des vieux matelas, des vêtements ramassés au hasard. «J’avais besoin d’être confronté à mes propres malaises face aux conditions sociales qui envahissent tous les centres urbains déclare Andrès Serrano. Nous passons tant de temps à ne pas regarder ces gens.»


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Serrano a eu l’idée simple mais géniale d’acheter aux sans-abri leurs pancartes de carton où ils ont écrit leurs suppliques et qu’ils brandissent devant les passants. Elles sont accrochées aux murs de l’expo. On peut y lire ainsi: – J’ai besoin d’aide chaque centime compte. – Sur le pavé, fauché et sans chance. – Artiste affamé sans domicile – Je suis trop moche pour me prostituer. – En errance, fauché et affamé. – Sans abri affamé : quelque chose pourra m’aider.

On dit que son œuvre, hantée par la religion, le sexe, la mort et la violence, rappelle la peinture classique et baroque. Les connaisseurs évoquent même les grands maîtres du passé comme Delacroix, Tintoret, Vélasquez ou Courbet quand ils parlent d’Andres Serrano. Lui se contente de dire que son maître est Marcel Duchamp. Et c’est vrai qu’il y a du Duchamp dans ses portraits, grandioses, percutants, hauts en couleurs.

Andres Serrano est à la recherche de l’identité américaine qu’il veut définir à travers les gens mais aussi les situations, les événements. Alors il n’hésite pas à s’inspirer du 11 septembre 2001 qui marqua l’histoire de l’Amérique contemporaine, pour tenter de dresser le portrait de la société où il vit. Car Andres Serrano est new-yorkais, d’origine haïtienne et hondurienne et il veut faire le portrait de cette diversité.


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On oublie donc pour un temps ses images osées, provocatrices qu’il réalisa sur des défunts allongés dans une morgue, ses œuvres dites « impies » centrées sur le religieux mêlé au sexe ou ce goût étrange du flirt avec la mort et nous voyons plus simplement un éventail de ces personnages qui font l’Amérique…

Philippe Rochot

Maison européenne de la Photo: Paris, rue de Fourcy.

Jusqu’au 29 janvier.

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