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De Nice à Mossoul, la France en première ligne face à Daech. Philippe Rochot.

  • Photo du rédacteur: Philippe Rochot
    Philippe Rochot
  • 20 juil. 2016
  • 3 min de lecture

Comment rassurer les Français après l’attentat de Nice ? Depuis le 14 juillet le gouvernement proclame haut et fort que la riposte contre Daech continue sur le terrain, que des positions autour de Mossoul ou de Rakka ont été bombardées et que les frontières de l’Etat islamique diminuent comme peau de chagrin. « Nous frappons Daech tous les jours » affirme Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense qui parle de « pousser l’offensive jusqu’au bout ».

Le Drian Lemonde.fr

Jean-Yves Le Drian et les troupes françaises engagées dans la lutte contre Daech.

Ce repli n’entame pourtant guère la détermination du groupe terroriste. Il n’a pas besoin de territoire pour lutter contre l’occident et les mécréants, juste quelques repères, quelques bases, quelques cellules et surtout alimenter sa propagande sur le Net qui attire tant de volontaires de par le monde et en particulier en France. Dans ces conditions les frappes de la coalition ne sont guère efficaces et nous rendent particulièrement vulnérables.

004 Carte Daech

Le territoire de Daech…

Dès le début, la France a voulu se placer en première ligne sur le front irako-syrien. En 2013, François Hollande était prêt à frapper des sites tenus par les forces de Bachar el Assad en représaille à l’utilisation de l’arme chimique par l’armée syrienne dans la Ghouta de Damas. Sauf que le président français a été lâché par Barack Obama qui n’a pas voulu lancer l’Amérique dans pareille aventure militaire : trop risqué, trop impopulaire. Nous avons donc à notre tour renoncé. Sans doute faut-il s’en féliciter. Mais aussi s’en inquiéter tant la politique de défense de notre pays dépend à ce point du Palais de l’Elysée. De par notre constitution, la puissance militaire française est pratiquement entre les mains d’un seul homme. Le président de la république et donc le chef des armées dispose d’un vaste pouvoir pour envoyer la troupe sur une terre de conflit.

Sarko Cameron Libye

Sarkozy et Cameron en Libye; une intervention qui a fait perdre du credit a la France sur la scène internationale.

On l’a vu en 2011 avec l’intervention en Libye, présentée par Nicolas Sarkozy comme une opération de protection d’un peuple menacé et qui s’est transformée en traque contre le colonel Kadhafi afin d’éliminer un chef d’Etat étranger devenu encombrant. Pareille opération nous a fait perdre notre crédibilité sur la scène internationale. L’intervention de la France au Mali lancée par François Hollande en accord avec Bamako pour arrêter les colonnes de combattants proches de « El Qaïda au Maghreb islamique » descendant vers le sud en janvier 2013 était sans doute justifiée. Il y avait déjà des attentats anti-Français, des prises d’otages de Français au Sahel mais nous sommes devenus une cible toute désignée par les mouvements terroristes qui se partagent la zone entre le sud algérien, le nord du Mali et l’ouest du Niger. Le sentiment d’hostilité face à l’ancien colonisateur que nous representons pour ces groupes a fait le reste.

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Intervention de la France au Mali en janvier 2013; (image ECPAD)

En 2003, la France avait choisi avec raison de ne pas intervenir en Irak aux côtés des armées américaines et britanniques dont l’objectif était de renverser Saddam Hussein. Cette attitude fut appréciée du monde arabe qui avait pu juger la légèreté de l’administration Bush dont la politique provoqua l’éclatement de la nation irakienne. La campagne militaire américano-britannique a largement contribué à la naissance de Daech, vécue comme un sursaut, une révolte contre une injustice. Mais les partisans du groupe terroriste ont la mémoire courte et ne savent pas gré à la France d’avoir refusé de participer à cette aventure militaire. Aujourd’hui au contraire, notre alliance avec les Etats-Unis dans la coalition dirigée contre Daech nous place en première ligne et nous en payons le prix.

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Nice 16 juillet 2016. l’hommage aux victimes sur la Promenade des  Anglais.

Il serait facile d’en conclure qu’il ne fallait pas intervenir en Irak ou en Syrie mais je suppose que la question a été vue et revue dans nos Etats-majors, que les conséquences et les risques ont été évalués, analysés, calculés. Je me demande pourtant ce que peut faire le « Charles de Gaulle » dans une guerre de cette dimension ? Le combat contre Daech n’est pas sur le terrain des opérations militaires. Il est dans les têtes. Il doit être traité comme un mal tenace qui touche les esprits faibles et vulnérables, les exclus, les délinquants petits et grands, ceux qui veulent se redonner quelques valeurs morales en détournant des valeurs religieuses, un mal qui les transforme en quelques jours ou quelques mois en meurtriers, en assassins, en chauffeurs fous. Il est clair que la solution pour éliminer Daech ne passera pas uniquement par les armes. Philippe Rochot.com/

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