Ganesh fêté à Paris : le dieu indien de la sagesse rassemble 50 000 personnes … Philippe Rochot

C’est devenu une tradition bien ancrée depuis trente ans : la communauté indienne honore Ganesh, dieu de la sagesse et de l’intelligence avec un défilé haut en couleur dans les rues de Paris. Seule différence cette année : quartier verrouillé, bouclé avec des cars de police pour éviter qu’on nous refasse le coup de la voiture bélier. Lieu de rendez vous, le temple de Sri Manika rue Pajol, modeste demeure divine où l’on retire ses chaussures avant d’entrer.

Après la cérémonie on brise une noix de coco sur le macadam, on reçoit le tika sur le front et la fête peut commencer. L’événement intervient chaque fois à la fin des vacances d’été des Parisiens et passe souvent inaperçu.

Voilà pourtant plus de trente ans que les Indiens de Paris rendent hommage à cette étrange divinité à tête d’éléphant : le Dieu Ganesh, fils du grand Shiva et de la déesse Parvati…

Et cet hommage nous vaut une procession de six heures qui parcourt les rues du 18e arrondissement: un grand jour pour la communauté indienne de France qui compte près de 80 000 personnes, venues essentiellement du Sri Lanka.

Hommes et femmes ont soigné leur tenue : saris et foulards de couleur jaune, rose ou bleue, bijoux, ornements, colliers d’or ou simplement dorés, diadèmes étincelants qui se détachent sur des cheveux noirs, longs et soyeux, parures éclatantes comme si cette fête était un mariage avec ce dieu de la sagesse, de l’intelligence et de l’éducation. C’est aussi pour Ganesh qu’elles portent sur la tête des pots de fleurs où brûle le camphre.

Briser les noix de coco: signe d’hommage à la divinité de la sagesse…

La noix de coco est un élément essentiel dans l’hindouisme; elle symbolise l’illusion du monde et son jus qui, une fois libéré de sa coquille tombe sur la chaussée, symbolise l’ego humain. Le fidèle, en cassant la noix de coco, se libère de son ego, brise l’illusion du monde quand il offre son cœur à Ganesh.

La fête de Ganesh, c’est aussi le jour des offrandes : des bananes, des noix de coco, des citrons verts, des mantras, des litchis ; tout cela en vrac. C’est l’intention qui compte: le don, l’hommage à Ganesh et à ses adorateurs.

Ganesh n’a rien de monstrueux malgré son nez en forme de trompe et ses quatre bras. Ce Dieu est vénéré non seulement en Inde mais dans une grande partie depuis le 7ème siècle. Ses fidèles ont même bâti des temples qui lui sont dédiés à New York, Londres et en 1985 à Paris.

Les “forçats de Ganesh”, chargés de tirer le char soutenant la statue de l’éléphant…

Ces dernières années, la communauté tamoule de Paris faisait campagne pour la paix au Sri Lanka à l’occasion de cette fête. Cette fois pas de tracts, pas de permanence militante : le conflit est officiellement terminé depuis 2009 après 26 années d’une guerre qui aurait fait plus de 100 000 morts. La priorité est bien donnée au commerce.

Mais les Tamouls qui représentent 15% de la population du Sri Lanka n’ont pas mis fin à leurs rêves d’indépendance. Et cette communauté qui a placé quelques espoirs dans l’hommage à Ganesh ne s’en cache pas quand elle rencontre le visiteur que je suis entre tambours et joueurs de flûte.

Philippe Rochot

Fête supprimée à Paris en 2020 pour cause de Covid… En Inde la fête est maintenue et dure une semaine mais avec de nombreuses restrictions. Les idoles qui mesurent parfois dix mètres de haut et sont portées par plusieurs dizaines de personnes ne devront pas dépasser un mètre afin d’éviter le contact proche entre porteurs. Les gens sont invités à fêter Ganesh plutôt chez eux…