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« Hexagone »: Expo Eric Bouvet / Yann Morvan ou comment peut-on être Français… Ph Rochot

  • Photo du rédacteur: Philippe Rochot
    Philippe Rochot
  • 1 juil. 2020
  • 3 min de lecture

On est toujours frappé, surpris, étonné quand on découvre des photos et des portraits avec des personnages plus grands que nature. C’est le cas de l’exposition que nous offrent deux grands noms de l’image : Eric Bouvet et Yann Morvan dans les gares de Lyon (Paris) et d’Avignon. Etonnant de voir que ces photographes reporters qui ont bourlingué du Liban à la Tchétchénie se concentrent aujourd’hui sur des portraits de Français : gens simples pour la plupart, sincères et directs. Ils posent parfois avec solennité, gravité, comme si l’instant était suprême.

Agent de sécurité vu par Eric Bouvet. (c) Ph Rochot.

Il faut dire que Bouvet et Morvan en imposent avec leur chambre photographique qui donne un négatif 20 x 25 d’une rare définition où ressort le moindre détail…On est loin de la photo au smartphone, fugitive, mal cadrée, mal composée, éphémère. A la chambre, le rapport avec les gens est totalement différent. Le sujet ne peut ignorer l’appareil. Il se sait photographié et il doit accorder sa confiance au photographe. Un rapport d’homme à homme est créé. On échange des points de vue, on discute de la position du sujet, de l’expression, du paraître. On goûte à la solennité de l’instant. Pareille démarche plait à Eric Bouvet. Il le dit dans Like, la nouvelle revue du site « Tous Les Jours Curieux »: « Ce que j’aime c’est naviguer avec les outils dont je dispose, numérique ou argentique avec différents formats et surtout avec différents sujets, que ce soient les jeux olympiques, un coup de news, une série de portraits ou un sujet documentaire. »

Soignante enceinte: Photo de Eric Bouvet

Comment peut-on être Français ? C’est un peu à cette question que tentent de répondre Eric Bouvet et Yann Morvan. Les photos ont été prises entre 2018 et 2020 : période riche, très riche car il y eut les gilets jaunes puis la pandémie de Covid-19. Belle occasion pour que les Français montrent leur vrai visage, celui de la colère, de la peur, de la générosité également.


Famille de gilets jaunes : Photo Eric Bouvet.

Paroles de GJ : Gérard : “La France c’est bien, il y a des bons, il y a des mauvais.” / Natacha : “je suis fière d’être française sauf pour la paye. Ce n’est pas possible de travailler autant et d’être payée si peu » / Louna : « La France c’est les bleus, c’est la France qui gagne »

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Ainsi voit-on dans cette expo une famille de gilets jaunes, l’air grave et digne, des soignants avec le sourire, des paysans, des retraités au grand âge, des officiers, des anciens combattants, des jeunes, des handicapés, des vieux, des familles musulmanes, bref la France de la diversité telle qu’elle est et telle qu’on l’aime dans une série de 80 portraits.

Geneviève: Photo Eric Bouvet

Chacun des photographes a opéré selon ses goûts, ses sympathies ses attirances pour tel ou tel milieu social. Dans la revue Like Yann Morvan explique ainsi sa motivation : « L’homme a perdu son osmose avec les animaux. On a perdu beaucoup d’humanité à cause de ça. Je voulais montrer une France à la fois rurale, à la fois industrielle et à la fois de la marge, parce que la France c’est aussi un esprit jacobin. Et ça je le retrouve partout… Je me dois de faire quelque chose de responsable qui raconte la France. »

Jérémie: Photo de Yann Morvan

L’exposition « Hexagone » devait se dérouler dans le cadre des Rencontres d’Arles mais le coronavirus a eu raison de l’événement et la SNCF a pris le relai. A l’heure où les lieux confinés sont désertés, les lieux de passage comme les gares ou les centres commerciaux sont devenus les nouvelles galeries de l’art contemporain et de la photographie permettant de voir la vie en XL et en haute définition. L’expo « Hexagone » est là pour le prouver.

Philippe Rochot

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