L’Ukraine dans le viseur de Justyna Mielnikiewicz : " Portraits d'une résistance".
- Philippe Rochot
- 10 juin 2022
- 2 min de lecture

Pourquoi rencontre-t-on aussi peu de journalistes ukrainiens réfugiés en France ? Réponse : ils continuent de témoigner sur leur pays ou aident les reporters occidentaux dans leurs enquêtes. Justyna Mielnikiewicz est polonaise mais elle a choisi elle aussi de vivre l’Ukraine en guerre. Elle expose aujourd’hui son travail en XL sur la façade de la Maison des Journalistes, ce lieu d’accueil pour les gens de presse, persécutés à travers le monde.

Justyna a travaillé longtemps dans les points chauds de l’est de l’Europe comme photographe indépendante : Caucase, Georgie, Russie également mais surtout Ukraine où elle est présente dès l’hiver 2014, avec la révolte de la place Maïdan. Elle a surnommé cette période « la Révolution de la Dignité ». C’est dire si elle croit en la cause des Ukrainiens. Le mérite de ses images et de son témoignage est de nous montrer une nation ukrainienne bien vivante, un peuple ukrainien qui croit, qui aime, qui souffre, alors que la Russie de Poutine veut empêcher l’existence même d’une Ukraine indépendante.

Justyna Mielnikiewicz traite son sujet à travers des cas humains rencontrés au hasard de son itinéraire dans ce pays en guerre. « Des citoyens affrontent les chars russes à mains nues » nous dit-elle. Le fil conducteur de son histoire est le fleuve Dniepr, comme ligne de démarcation entre les territoires ukrainiens et les régions russophones. C’est l’instrumentalisation du langage qui a servi à diviser le pays alors que les populations s’expriment souvent indifféremment dans les deux langues. Aucun homme en arme, aucun milicien ou soldat n’apparait sur les photos de Justyna. Mais l’expression même des habitants dans la détresse nous permet de voir que le pays est bien en guerre, en résistance plutôt. Elle explique en une phrase sa motivation : « Les Ukrainiens n’ont ni voulu ni attendu cette guerre. La façon dont ils ont fait face est extraordinaire et incarne en même temps l’histoire universelle de la lutte d’une nation contre la tourmente qui lui est imposée. » Philippe Rochot

Comments