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Prix Bayeux 2019: de Kaboul à Gaza… Ph Rochot.

  • Photo du rédacteur: Philippe Rochot
    Philippe Rochot
  • 24 mai 2019
  • 3 min de lecture

D’emblée le Prix Bayeux 2019 affiche la couleur avec une bannière choc : la photo de ce Palestinien de Gaza, amputé des deux jambes à la suite d’un bombardement israélien, tirant à la fronde en direction des soldats de Tsahal postés à la frontière. Il sera abattu par un franc-tireur de l’armée israélienne. Mahmud Hams a pris cette photo lors des manifestations du 70ème anniversaire de la Naqba, « la catastrophe », ce jour funeste de 1948 où des milliers de Palestiniens ont dû quitter leurs terres et leurs maisons après la naissance de l’Etat d’Israël…

Fadi Abou Salmi en action… Photo de Mahmud Hams.

Le sort des Gazaouis est resté pour les reporters du monde entier un sujet récurrent, visuel, une valeur sûre avec ses rebondissements politiques, symbole de l’éternelle « question palestinienne ». L’édition 2019 du Prix Bayeux en présente un éventail sélectionné par Médecins Sans Frontières sous le titre : « Gaza, population hors d’état ». Thème central : cette «marche du retour » avec ses cortèges désespérés de Palestiniens bravant la mort en tentant de franchir la zone de sécurité définie par l’armée israélienne entre Gaza et Israël. MSF parle de plusieurs centaines de morts et de 7000 blessés. Gaza est sous blocus depuis 2007 et la population reste totalement dépendante de l’aide humanitaire. Quatre photoreporters nous offriront donc leur regard sur la vie et les combats de Gaza : Laurence Geai, Heidi Levine, Khalil Hamra, Mohamed Abed.


Gaza: avril 2018. Les Palestiniens utilisent des miroirs pour aveugler les soldats israéliens et se protéger des tirs. Photo de Khalil Hamra.

La mission du Prix des correspondants de guerre est de traiter les situations de conflits et les faits d’actualité touchant la défense des libertés. Une majorité de reportages présentés au Prix Bayeux 2019 devrait se situer cette année encore dans le nord de la Syrie si l’on en juge par les sujets diffusés durant l’année écoulée. Le Prix a déjà retenu l’ouvrage profondément humain de Cécile Hennion sur la vie des populations d’Alep durant le siège de la seconde cité de Syrie : « Le Fil de nos vies brisées ».


En prenant le livre comme base de réflexion, l’exposition utilise le témoignage oral, la peinture, l’image, le dessin, multiples formes d’expression pour raconter la vie sous les bombes, la faim, les pénuries, l’exode. Mais au-delà de cet habillage il faut surtout lire cet ouvrage comme un témoignage essentiel sur cette guerre qui dure depuis huit ans, même si Alep a retrouvé la paix.

Le Prix Bayeux des correspondants de guerre se devait de retenir l’année 2019 comme celle du quarantième anniversaire de l’intervention soviétique en Afghanistan. Les reporters qui ont souffert sur les chemins du maquis pour gagner clandestinement à pied Kaboul ou la vallée du Pandjir, n’ont pas oublié cette date. Bayeux 2019 consacrera donc une expo collective à ces photographes qui ont témoigné sur les guerres et les conflits dans ce « royaume de l’insolence ».

En 2018, le Prix Bayeux avait marqué cet anniversaire de l’occupation soviétique de l’Afghanistan, avec les expos de Pascal Manoukian sur les années 80 et de Chah Maraï, reporter AFP, décédé lors d’un attentat à Kaboul. (c) Pascal Manoukian: en couverture de son livre: “Au royaume des insoumis”.

Il avait fallu attendre plusieurs décennies après la guerre du Vietnam pour découvrir que de l’autre côté de la ligne de front, des photographes de guerre, vietnamiens du nord, prenaient eux aussi des risques pour témoigner. Mêmes remarques pour l’Afghanistan. Des photoreporters soviétiques ont documenté cette guerre avec sincérité, courage et motivation, ignorant qu’ils étaient manipulés par le régime. Leurs images seront présentées à Bayeux dans la série « Afghanistan, terrain de guerre du monde ».

Au-delà des expos, le Prix Bayeux demeure un vaste point de rencontre pour des débats, des ventes de livres de reportage, des projections de documentaires sur les conflits du monde qui ont alimenté les chaines de télé tout au long de l’année. C’est aussi un hommage aux reporters tombés en mission. Le jury qui décernera une dizaine de prix pour cette cuvée 2019 aura donc un rôle essentiel.


Il est présidé cette année par Gary Knight, grand photographe britannique qui a fait ses preuves en Bosnie, Irak et Afghanistan, mais qui a surtout fondé avec six autres confrères, l’agence VII (seven), l’une des plus influentes du marché de la photo d’actualité.

Le Prix Bayeux Calvados-Normandie se déroulera du 7 au 13 octobre 2019.


Le Manoir, Centre de formation au reportage en zone dangereuse, continue de fournir ses services après six années d’existence. Conseils et formation toujours utiles à l’heure où les reporters demeurent la cible de forces hostiles à travers le monde, mais aussi en France. (Manif gilets jaunes à Paris-Invalides. (c) Ph. Rochot)


Profondément lié à l’histoire du débarquement de juin 1944, le Prix Bayeux des correspondants de guerre est lancé alors que la France s’apprête à célébrer ce 75ème anniversaire sur les plages de Normandie. Photo : Sainte-Mère-Eglise, 4 juin 2014. (c) Ph. Rochot

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