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Pékin débordée par les « vélos partagés » Philippe Rochot

  • Photo du rédacteur: Philippe Rochot
    Philippe Rochot
  • 17 déc. 2017
  • 2 min de lecture

Ils ont envahi les trottoirs, les passages piétons, les croisements, les ronds-points. Les vélos partagés sont partout dans la capitale chinoise, comme si les Pékinois voulaient renouer avec cette image que nous avons encore en tête, celle d’une Chine où des hommes en costume mao bleu circulaient à bicyclette sur des avenues sans voiture.


Le marché du vélo partagé s’est ouvert en moins d’une année. Le pouvoir chinois a laissé s’implanter dans le pays une centaine d’opérateurs mais une bonne partie a fait faillite. Ceux qui ont survécu ont inondé les rues des cités de leurs vélos que l’on peut emprunter et restituer à peu près n’importe où. Tout cela pour un prix dérisoire : un Yuan de l’heure, soit 13 centimes d’euros. Résultat : un succès immédiat mais un parc cyclable anarchique avec des entrées de bouches de métro où s’entassent les deux-roues ou des espaces verts transformés en parkings.

Vélo Pékin b signé (Copier)

L’un des principaux opérateurs a pour nom : Ofo. Les Français le connaissent. C’est lui qui tente une percée dans les rues de Paris. Mais c’est bien en Chine qu’est née cette « start-up », sur un campus universitaire où une poignée d’étudiants a eu l’idée simple mais géniale de se partager leurs vélos. Aujourd’hui Ofo avec ses petites reines jaunes veut s’implanter dans le monde entier et opère déjà dans plus de 200 villes avec près de 200 millions d’utilisateurs au compteur.


En Chine, l’entreprise affronte un rival de taille, China Mobike qui fonctionne selon le même principe : un vélo à disposition dans la rue, opérationnel grâce à une simple application téléchargée sur le smartphone, et qui renvoie les adeptes du genre Vélib au rang des ancêtres du deux roues. Dans un pays où la voiture avait réduit le vélo à un moyen de transport réservé aux couches sociales inférieures, il faut saluer le progrès.


La Chine compte aujourd’hui 20 millions de vélos partagés qui permettent de limiter les transports en voiture et de réduire la pollution. Sauf qu’en cet hiver 2017 où les températures stationnent au-dessous de zéro, les Pékinois hésitent à affronter la bise glaciale qui cingle les avenues et les bicyclettes traînent sans trouver preneurs sur les trottoirs de la capitale.

Vélo Pékin g signé (Copier)

Les vélos mal garés ou abandonnés se retrouvent régulièrement en fourrière et sont souvent détruits puis recyclés. Un esprit malin a calculé que si l’on recyclait tous les vélos en circulation on pourrait construire deux porte-avions. Sauf que le blindage laisserait à désirer. Car ils sont lourds et de piètre qualité. Leur durée de vie est estimée à trois ans maximum. Mais la fabrication est ingénieuse : les pneus sont en caoutchouc pleins et la chaîne est remplacée par un tambour. C’est le vélo à l’état brut, largement suffisant pour un trajet en ville…


Le vélo partagé a donc un bel avenir en Chine et ailleurs. Il est utilisé par toutes les couches sociales de la population, pour un bref parcours dans la ville, pour gagner une gare ou une station de métro. Les migrants, ces ouvriers paysans qui bâtissent les gratte-ciels de Pékin, les empruntent régulièrement pour gagner les chantiers. Mais le vélo n’est plus considéré comme un moyen de transports réservé aux prolétaires et le Pékinois retrouve un style de vie oublié avec un guidon entre les mains.

Philippe Rochot / Pékin 16 décembre 2017


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