Un Océan à sauver : entre requins-baleines et bébés tortues : expo Alexis Rosenfeld (Paris-gares).
- Philippe Rochot
- 8 avr. 2021
- 3 min de lecture
Expo gare de Lyon: 1 Océan, le grand témoignage sur l’océan.
Il n’existe qu’un seul océan. L’avertissement est lancé dès le début de l’exposition d’Alexis Rosenfeld qui déroule une vingtaine de photos XL en gare du Nord et gare de Lyon. Le but est de nous montrer à la fois les merveilles des profondeurs et les dangers qui guettent cet océan unique, vital, indispensable, qui couvre notre terre et régule notre vie.

Lors d’une rencontre avec le photographe au festival de la photo de nature de Montier-en-Der, j’ai appris que les coraux étaient des animaux, des êtres vivants qui pouvaient mourir à cause de la pollution des eaux marines, mais aussi renaître. On parle même du stress des récifs coraliens en Polynésie. On découvre qu’ils blanchissent comme les cheveux des vieillards. Ce pourrait être beau mais c’est alarmant car ce phénomène est provoqué par le réchauffement des eaux. Sous l’action de la chaleur, les coraux expulsent l’algue qui leur donne énergie, nutriment et couleurs. Ne reste alors que le squelette blanc. En revanche, ils peuvent reprendre vie si les conditions redeviennent normales et c’est à cela qu’il faut parvenir.

Le biologiste Yann Lacube effectue des relevés sur la grande pépinière des coraux. (c) Alexis Rosenfeld.
Alexis Rosenfeld est photographe et plongeur professionnel. Explorateur également : il a participé à de nombreuses expéditions au parc naturel de la mer de Corail en Nouvelle Calédonie, éternisé à sa manière une faune et une flore marines exceptionnelles au large des îles Salomon, à l’est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et plongé à ses débuts avec le commandant Cousteau au large de Madagascar.

Plongeur en île de Paranea (méditerranée) (c) Alexis Rosenfeld.
Il a contribué de même à la découverte de l’épave de l’avion de Saint-Exupéry au printemps 2000 au large de Marseille. Son univers est là, sous les eaux, dans un nouveau monde du silence que nous pouvons aujourd’hui restituer à l’image en version numérique. Il est donc devenu plus présent, plus facile de mettre en valeur cette vie sous-marine grâce aux techniques modernes qui permettent de capter plus de détails et plus d’éléments de vie dans l’obscurité des profondeurs.

Nous découvrons ainsi, vu des fonds marins, ce bébé tortue qui commence sa vie en mer et nage vers le large : une vie qui s’annonce fragile puisque seule une tortue sur mille parvient à l’âge adulte.
Nous suivons de même un requin-baleine, plus gros poisson au monde qui peut atteindre 18 mètres de long et peser une trentaine de tonnes. Mais sa taille et son poids ne lui permettent pas d’échapper à des collisions meurtrières avec les navires ou de se trouver piégé dans des filets de pêche. Le requin-baleine fait partie des espèces menacées.

Requin baleine: (c) Alexis Rosenfeld.
L’objectif d’Alexis Rosenfeld a saisi également des dauphins à longs becs, au sud de la mer rouge, très sociables et curieux. Le photographe raconte qu’ils ont fait le geste de lui tendre un sac en plastique jeté en mer avec l’air de dire ironiquement : « ce truc ne nous appartient pas ».
Cette expo, patronnée par la commission océanique de l’UNESCO n’est qu’un début. Le projet court sur dix années et se terminera par la présentation de mille photos d’Alexis Rosenfeld et de son équipe. Celles qui sont présentées en gare de Lyon et gare du Nord à Paris donnent déjà un avant-goût du travail à venir.

Archipel d’Entrecateaux, Nouvelle Calédonie, parc naturel de la mer de Corail. Des milliers de carangues tournent autour des plongeurs. (c) Alexis Rosenfeld.
A l’heure où les galeries et les musées ont fermé leurs portes en raison de la pandémie, ces expositions se sont imposées car elles sont accrochées en extérieur et le risque est moindre. Les nouvelles technologies permettent aujourd’hui des tirages XL réalisés dans une matière capable d’affronter toutes les intempéries et toutes les températures. L’organisme de la SNCF « Gares et connexion » qui présente la série d’Alexis Rosenfeld, « 1 Océan, le grand témoignage sur l’Océan » a bien compris l’avantage qu’elle pouvait tirer de ces nouvelles formes d’exposition, pariant dans le même temps sur le thème de l’urgence climatique. C’est précisément vers cette cause que s’est orienté l’auteur : « Mon métier de photographe dit-il, est devenu une activité de témoin, engagé pour l’océan »
Philippe Rochot
Expo jusqu’au 30 avril 2021.

Paris gare de Lyon: l’expo sous l’œil de Vigipirate. (c) Ph Rochot.
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