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Visa pour l’image: visages 2019… Philippe Rochot

  • Photo du rédacteur: Philippe Rochot
    Philippe Rochot
  • 13 mai 2019
  • 3 min de lecture

Difficile d’organiser un festival Visa pour l’image sans traiter des conflits du monde. Jean-François Leroy ne manque pas cette année encore d’en donner une liste impressionnante entre Yemen, Syrie, Libye, Algérie, Mexique, autant de pays où les atteintes à la liberté de la presse font partie du quotidien. Le patron de Visa nous invite également à regarder ce qui se passe chez nous avec la crise des gilets jaunes et le bras de fer engagé entre les médias, la police et les manifestants… Les images de guerres et de luttes sociales qui font la tradition de Visa seront bien présentes à Perpignan-2019 afin, comme dit Leroy, de « montrer l’information du monde ».


Présentation par Jean-François Leroy des images de Kasia Strek : « Le Prix du choix ».

Mais ce 31ème festival sait aussi aller plus loin en présentant des sujets de société. Je retiens le reportage de Kasia Strek sur le droit à l’avortement, traité de façon très pudique, qui vient nous rappeler que l’IVG est toujours interdite ou extrêmement restreinte dans 139 pays du monde.

003 Bispuri-Prisons_002 Valério VispuriCellule de 5 détenus à la prison de Poggioreale, l’une des plus anciennes, des moins bien entretenues et ayant la plus forte surpopulation des prisons italiennes. El

Prison de Poggioreale, l’une des plus vétustes d’Italie. Cinq détenus y cohabitent dans une seule cellule. © Valerio Bispuri

La vie en détention reste un thème motivant et accrocheur surtout avec les photos de Valerio Bispuri qui voit la prison comme un miroir de la société. Son expo est le résultat de quatre années de recherche à travers quelques-uns des 190 établissements pénitentiaires d’Italie et quelques dizaines d’autres aux quatre coins du monde.

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Paris : mai 68, rue Gay-Lussac: © Alain Keler.

Nous sommes rassurés en voyant qu’Alain Keler et son « Journal d’un photographe » trouve enfin une place digne de ce nom dans un grand festival. Son travail embrasse ses débuts dans le photoreportage en 1968 et va jusqu’à l’année 1989. Images noir et blanc forcément, prises en marge de ses sujets pour les agences, images très personnelles sur sa vision du monde, de la Pologne de Solidarité jusqu’à l’Amérique latine, en passant par l’Irak, la Somalie, Gaza, mais aussi images de sa propre famille qui traduisent la marque du temps avec l’évolution de la vieillesse chez ses parents. Photoreporter de la même génération qu’Alain Keler, Patrick Chauvel nous présente pour la première fois à Visa, ses photos saisies au cours d’un demi-siècle de reportage. Reporter de guerre, si toutefois ce mot a un sens, qui vient de rassembler toutes ses photos au sein d’une fondation, il nous conduira du Vietnam à la Tchétchénie, en passant par l’Irak ou le Liban, sur toutes les lignes de front apparues après la Seconde Guerre mondiale. On en retient le choc des photos de première ligne, qui reste la signature du photographe.


Frédéric Noy et la lente agonie du lac Victoria.

Les menaces qui pèsent sur notre planète deviennent des thèmes récurrents, essentiels, très visuels également, qui se développent de plus en plus dans les festivals de photographie. Visa pour l’image en a conscience en nous présentant la série photos de Frédéric Noy : « l’Agonie du lac Victoria » qui sonne comme un avertissement. La plus vaste zone de pêche en eau douce de la planète fait vivre trente millions de personnes mais elle est menacée par la pollution, la prolifération des algues parasites, les eaux usées etc. « D’ici 50 ans dit-il, si rien de radical n’est fait, le lac Victoria sera une étendue d’eau morte à cause de ce que nous, humains, y déversons ».


Trafic d’ivoire : 4 tonnes saisies par les autorités de Lomé au togo.  © Brent Stirton.

Dans la série faune menacée, Brent Stirton reste une valeur sûre. On a vu les photos de cet illustre photographe sud-africain dans les grands festivals comme La Gacilly mais on ne s’en lasse pas. Il parvient à traiter son sujet à travers l’action de l’homme pour préserver la vie animale et notamment la lutte contre le braconnage, avec ces rangers qui protègent les derniers rhinocéros blancs. L’animal est rarement seul dans ses images. Il y a toujours l’homme à ses côtés, prédateur ou protecteur et le travail de Stirton se différencie de celui des photographes animaliers traditionnels. Les menaces sur l’environnement sont aussi présentes dans l’exposition de Louie Palu dans l’Arctique nord-américain intitulée « le Réseau d’alerte avancé ».

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Le « Réseau d’alerte avancé » de Louie Palu dans l’Arctique.

Le photographe montre les vestiges de la guerre froide et la présence militaire imposante dans une région confrontée au réchauffement planétaire et à l’augmentation du trafic maritime. Visa pour l’image 2019 est lancé. Le festival comprendra 25 expos photo et une centaine d’auteurs pour les projections du soir. 3000 dossiers ont été soumis aux organisateurs y compris les éternels sujets sur les Roms, les travestis en Thaïlande ou le Festival des oranges… Mais il reste plus de trois mois avant la date de lancement du 31 août et l’actualité évolue. Il faudra s’attendre à des surprises sur les sujets traités. Philippe Rochot

Les photographes se portent mal mais la photographie se porte bien dit on régulièrement. Le festival Visa pour l’image continue d’attirer les passionnés et les curieux. Pour la première fois il s’exposera aussi à Paris et des projections en XL seront assurées à la grande halle de La Villette.

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