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World Press Photo 2015 : l’expo quand-même… Philippe Rochot

  • Photo du rédacteur: Philippe Rochot
    Philippe Rochot
  • 4 sept. 2015
  • 3 min de lecture

C’est une tradition depuis une bonne décennie : la galerie Alaïa à Paris expose chaque année les lauréats du World Press Photo. A l’heure où le petit monde du photojournalisme se rassemblait devant l’écran géant du festival « Visa pour l’Image » à Perpignan, le World Press lançait dans les ruelles du Marais, le vernissage de l’édition si controversée de 2015.


Jonathan Jacques Louis, 21, and Alexander Semyonov, 25.

Homosexuels Saint Petersbourg: photo de Mad Nissens dont la place dans le World Press a été également contestée. On ne risquait pas d’y voir l’un des premiers Prix, celui de Giovanni Tolio, accusé de mise en scène, manipulation et désinformation et finalement retiré pour sa série sur « le cœur noir de l‘Europe » : des photos arrangées, montrant du doigt la ville de Charleroi comme minée par la pauvreté et la perversion. Son travail a provoqué une crise entre le WPP et « Visa pour l’Image » qui a refusé d’exposer les lauréats. De même la photo primée du danois Mad Nissens, représentant un couple d’homosexuels en ébats dans la Russie de Poutine a provoqué la polémique sur sa composition artistique qui nous éloigne d’un photojournalisme authentique.


World Press 2015 images et légendes (14) (Copier) copie

Galerie Alaïa: lancement de l’expo ” World Press Photo 2015.” Le patron de Visa, Jean-François Leroy estime que le WPP « s’est tiré une balle dans le pied » en primant ce travail, que l’esprit n’était plus ce qu’il était, que la photo de l’année n’en était plus une et n’avait pas sa place à Perpignan. Mais l’absence du World Press Photo est aussi une perte pour Visa car ce prix prestigieux reste une référence dans le monde du photojournalisme. Qui trouve-t-on dans le jury ? Une vingtaine de gens du « milieu ». Une présidente qui siège dans l’Etat-Major du New York Times, un red-chef d’Associated Press, un directeur Photo de l’AFP, des photoreporters etc… Pareil jury ne peut pas être mauvais et de plus il change chaque année. Le directeur du WPP, Lars Boering plaide pour une vision plus ouverte du photojournalisme car la photo évolue.


Lu Guang et ses moutons noirs de Mongolie… En parcourant l’expo de la galerie Alaïa, on se rassure en retrouvant des talents déjà exposés à Visa pour l’image. Je revois avec plaisir le travail de Jerôme Sessini sur la révolte de Kiev, celui de Lu Guang sur la pollution en Chine, avec ces moutons qui broutent en Mongolie et qui sont devenus aussi noirs que la fumée des usines. Je retrouve avec surprise l’œuvre de Thomas Van Outryve et ses drones d’images, les clichés de Massimo Sestini sur les réfugiés de la méditerranée (1ère image de l’article) restée très actuelle et le travail de Bulent Kilic, photographe de l’AFP qui depuis l’attribution du prix a eu l’occasion de nous étonner par ses reportages aux frontières de la Syrie et de l’Irak.


Clashes in Maidan square- kiev

Jérôme Sessini et la révolte de Kiev…(Prix du Spot d’information)

Nous sommes toujours dans un photojournalisme de pointe. La crise entre Visa et le WPP devrait en toute logique être surmontée. Le débat à Perpignan entre Jean-François Leroy et Lars Boering, trois jours après l’ouverture du festival 2015, prêtait plutôt à l’optimisme. Le patron du World Press Photo a promis de changer les règles du prix en créant une seule catégorie sur un projet à long terme, ce qui correspond au vœu de la direction de Visa qui veut aussi marquer les limites de l’évolution de la photo d’actualité : « pourquoi vouloir toujours réinventer le photojournalisme ? » Philippe Rochot

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