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“A Sabra-Chatila, on se prenait pour Rambo…” (Liban: des g

  • Photo du rédacteur: Philippe Rochot
    Philippe Rochot
  • 24 janv. 2013
  • 2 min de lecture

1 Liban Beyrouth combats rue 1975 (5) [50%]

(Guerre à Beyrouth, 1975, Ph Rochot)     

« Si tu as compris les guerres du Liban, c’est qu’on te les a mal expliquées… ». Cette boutade qui circule dans les chancelleries occidentales permet souvent aux médias d’éviter l’analyse d’un conflit qui dure depuis plus de 40 ans pour se réfugier dans un factuel de l’événement qu’ils ne cherchent guère à décrypter.

          Avec son film : « Liban des guerres et des hommes », Frédéric Laffont choisit de nous faire vivre la tragédie du Liban à travers ses acteurs et ses témoins, ses victimes de tous les jours. Ils sont chauffeurs de taxi, ingénieurs, artistes, commerçants, coiffeurs.  Ils parlent de cet engrenage dans lequel ils ont été pris dans les années 70 et qui les a conduits à tuer, à fuir, à choisir leur camp durant les batailles qui ont déchiré le pays : celle du bidonville de la Quarantaine, du village chrétien de Damour ou du camp palestinien de Tel Zaatar…

          Au Liban, les manuels scolaires s’arrêtent à 1943 et  n’évoquent pas les guerres qui ont déchiré ce petit pays, grand comme un département français, alors qu’elles ont fait plus de 170.000 morts. Car aujourd’hui, encore personne n’ose montrer du doigt les fauteurs de guerre et expliquer les raisons du conflit sans que pareil discours ne déclenche la colère des communautés ou des factions rivales.

         Les témoins rencontrés et choisis par Frédéric Laffont nous aident à percer ce mystère. Ils nous parlent un langage direct, honnête, celui  de la sincérité. J’ai retenu ces quelques phrases :

– « On ne pensait pas que du jour au lendemain on allait se retrouver en treillis »…

-« Les Palestiniens étaient des héros, on voulait faire comme eux »…

-« La guerre était le visa d’entrée dans l’âge adulte »…

– « A Sabra-Chatila, on se prenait pour Rambo ».

          Pareille démarche, pareils propos et témoignages n’ont paraît-il guère plu dans les milieux politiques libanais où personne n’aime évoquer les conflits qui ont déchiré le pays. Vulnérable aujourd’hui encore par la guerre qui frappe son proche voisin syrien, fragilisé par la rupture de son équilibre communautaire, la menace permanente d’une intervention israélienne, le Liban n’a pu faire son examen de conscience. Le film de Frédéric Laffont contribue pourtant à cette démarche indispensable à la réconciliation nationale.

Philippe rochot

(A voir sur France5, dimanche 27 janvier, 22h05)    Trois épisodes…

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