Retour en Chine… Entre Cop21 et attentats de Paris
- Philippe Rochot
- 30 nov. 2015
- 3 min de lecture
Pollution à Pékin à l’heure de l’ouverture de la Cop21. 29 nov 2015. (c) Ph. Rochot.
Le réchauffement climatique n’est pas un sujet porteur en Chine. La « vox populi » nous en donne un bel exemple avec des remarques aussi simples et simplistes que celles-ci : « il n’y a pas de réchauffement climatique, regardez comme il fait froid en ce moment ! » Il est vrai que le thermomètre affiche – 10 degrés à Pékin et descend à -20 dans les provinces du nord… Pour cela le chauffage au charbon fonctionne à plein régime. Difficile de faire admettre au Pékinois de la rue ou au commerçant de Chengdu que le réchauffement de la planète existe bel et bien et représente une menace.

Pékin: brouillard toxique: dimanche 29 nov. 2015 (c) Ph. Rochot.
Une opinion bien ancrée en Chine veut aussi que si les usines du pays tournent à plein régime et contribuent largement au réchauffement de la planète, c’est bien pour satisfaire les besoins des firmes étrangères qui ont délocalisé en Chine. Reste que le taux de particules fines à Pékin est six fois supérieur à celui que connaît Paris dans le pire des cas. Les « observateurs de l’environnement » en Chine estiment que la pollution fait plus d’un million de morts par an. Le pouvoir chinois en est conscient mais n’a guère l’intention de plier face aux pressions occidentales. Car la Chine entend bien utiliser au maximum ses réserves en charbon qui ne seront épuisées qu’à la fin du siècle. Dans le même temps elle se donne des allures écolos en jouant la carte des nouvelles énergies et se place en tête des pays producteurs de panneaux solaires.

Le scooter électrique s’impose dans les centres villes. Chengdu, Sichuan. (c) Ph Rochot.
Un voyage de trois semaines en Chine de l’est me permet de constater que le premier pollueur de la planète impose également les deux roues électriques dans le cœur des cités. Le vélo se fait rare en Chine tout comme les motos à essence, remplacés par les scooters ou les bicyclettes alimentées à l’aide d’une batterie qui peut tenir une cinquantaine de kilomètres. Pareille initiative a fait baisser le niveau de pollution dans le centre des villes, sans néanmoins les faire passer en « mode air pur ». La Chine reste bien le premier pollueur de la planète qui représente 28% des émissions mondiales de CO2. A la cop21, il faudra donc compter avec Xi Jinping, qui peut se présenter comme le chef de la deuxième puissance économique mondiale mais aussi comme le leader des pays émergents qui comptent sur lui pour plaider leur cause.

Xi Jinping et son épouse, omniprésents. Marché de Xi’an nov 2015. (c) Ph Rochot.
L’obsession sécuritaire a sans doute empêché la garde rapprochée de Xi Jinping de trouver le sommeil quand la délégation chinoise s’est envolée pour la Cop21. En Chine, le mot attentat prend tout son sens quand on évoque ceux de Paris qui renvoient les Chinois aux attaques au couteau à la gare de Kunming ou à l’attentat kamikaze à la voiture en flamme, fauchant la foule sur la place Tiananmen. Opérations attribuées au mouvement ouighour dit du « Turkestan oriental ».

Pékin: la file d’attente pour pénétrer sur la place Tiananmen où les contrôles sont renforcés par des portiques de sécurité…29 nov.2015 (c) Ph Rochot.
Depuis, la célèbre place de Pékin est devenue forteresse imprenable où il faut passer les portails de sécurité comme dans un aéroport pour accéder au pied du balcon de la Cité Interdite d’où Mao Zedong proclama la République populaire. Un scénario comme celui des attentats de Paris serait un cauchemar pour la Chine. Résultat la police se veut présente partout dans les rues de Pékin : commissariats ambulants, sirènes, contrôles, postes de garde etc…Partout, le mot d’ordre est à la vigilance.

Police omniprésente: Ville de Chengdu, statue de Mao Zedong. (c) Ph Rochot. Décembre est la période où les journalistes étrangers doivent renouveler leurs visas et l’incertitude que fait peser le pouvoir sur les titres de séjour a souvent quelque chose d’inquiétant. La réduction de peine accordée à la journaliste chinoise Gao Yu est un élément rassurant mais n’élimine pas pour autant les avertissements du pouvoir. Gao Yu reste accusée d’avoir transmis à un média hongkongais le « document n°9 », un dossier interne au parti communiste qui prône une répression accrue des idées démocratiques et met en garde contre toute tentative d’indépendance des médias. Le texte a le mérite d’être clair et donne le ton de la politique actuelle de la Chine, qui se vérifie aujourd’hui.
Philippe Rochot
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